Livret bleu : tout savoir

Le livret Bleu est un livret jumeau du livret A. Il permet aux personnes qui le désirent de verser de l’argent et de bénéficier d’un intérêt fixe et sûr déterminé par l’État. Ce n’est pas le meilleur des placements, mais il offre un rendement qui permet d’en avoir un petit peu pour son argent placé en banque. Aujourd’hui, pourtant, il est bien moins intéressant que par le passé et n’offre plus tout à fait les mêmes garanties. Voici tout ce que vous devez savoir sur le livret Bleu.

Définition du livret Bleu

Le livret Bleu est apparu en 1975. Il s’agit de la réponse du Crédit Mutuel à la création du livret A. Pourquoi est-il apparu et n’existe-t-il qu’au Crédit Mutuel ? Tout simplement parce que les caisses de Crédit Mutuel possèdent un régime particulier, ce qui pose problème dans l’application du livret A.

la défense
La Défense, le quartier qui regroupe toutes les grandes banques.

C’est pourquoi, le livret Bleu possède les mêmes conditions d’accès, la même rémunération et la même fiscalité que celle du livret A. Tout simplement, parce qu’ils sont identiques, mais sont gérés par des entités différentes.

Cela vient du fait que le Crédit Mutuel est organisé en fédérations régionales de banques mutualistes. Tout cela est noté dans l’ordonnance 58-966 relative à diverses dispositions du Trésor et qui fixe les règles applicables à chaque entité.

Il faut également savoir que le livret Bleu est intéressant du fait :

  • qu’il garantit le capital (vous êtes protégé contre les faillites des banques)
  • que le taux d’intérêt est fixé par l’État (qui est souvent plus généreux que le secteur privé)

Si le livret Bleu est uniquement disponible auprès du Crédit Mutuel, il faut savoir que le livret A était uniquement disponible auprès de la banque de la Poste et la Caisse d’Epargne. En 1975, le gouvernement passe une loi de finances rectificative qui permet au Crédit Mutuel de distribuer un plan d’épargne réglementé. Il faudra qu’il s’intitule autrement, d’où le double nom livret A / livret Bleu pour le même type d’épargne.  A noter que depuis 2009, toutes les banques sont autorisées à proposer un livret A et que les 3 banques historiques n’ont plus de monopole sur l’épargne réglementée du livret Bleu.

Quelles sont les caractéristiques du livret Bleu ?

Le livret Bleu est un livret d’épargne réglementé. C’est l’État qui fixe la rémunération et donc le taux d’intérêt. Tous les fonds collectés sur le livret Bleu servent à financer le logement social. Pour souscrire un livret Bleu :

  • il est possible de souscrire un livret Bleu dès la naissance. Il suffit pour cela de présenter sa carte d’identité et un justificatif de domicile récent (moins de 3 mois). Il est donc possible d’offrir un livret Bleu comme cadeau de naissance.
  • pour ouvrir effectivement le compte, il faut effectuer un premier versement de  15 €.
  • Ensuite, il n’est pas nécessaire de souscrire à des versements mensuels. C’est libre.
  • Depuis 2015, le taux d’intérêt est de 0,75 % net. Les intérêts sont capitalisée le 31 décembre de l’année en cours.
  • le calcul des intérêts se fait par quinzaine, ce qui est au détriment de l’épargnant (nous y reviendrons).
  • le plafond est fixé à 22.950 €.
  • l’épargne est mobilisable à tout moment sans frais.
Le livret bleu est une épargne mobilisable par le particulier en cas de besoin.

Quelle fiscalité pour le livret Bleu ?

Le livret Bleu est garanti par l’État. Depuis toujours l’Etat a voulu garantir les sommes épargnées par les particuliers afin de ne pas les exposer au risque. Sans cette forme de garantie sur le livret Bleu, on aurait pu assister à la faillite personnelle de milliers d’épargnants en cas de faillite d’une banque ou de défaut de paiement de l’État. Ainsi, en 2008, les sommes placées sur les livrets étaient garanties, même si de nombreuses banques ont dû bénéficier d’un sauvetage par l’État.

Afin de s’assurer de cette garantie, le législateur a prévu dans la loi d’imposer aux établissements bancaires de centraliser environ 65% de l’encours du livret A et du livret Bleu auprès de la Caisse des dépôts. Cette obligation est également confrontée aux autres obligations de la Caisse de dépôts elle-même.

Cela représente une importante somme d’argent. Une masse même… En effet, livret Bleu et livret A sont l’épargne préférée des Français. Si on en croit certaines sources, 4 Français sur 5 possèdent un livret, puisque 46 millions de livrets sont ouverts. A en croire le fichier FICOBA qui recense les souscripteurs, le listing compte 37 millions de titulaires. Les 9 millions de comptes ouverts restants sont imputables aux multi-détenteurs, mais aussi aux personnes morales (asbl, etc.) qui ne sont pas recensées par la FICOBA. Fin 2012, on recensait environ 250 milliards d’euros déposés sur les livrets français.

Une manne d’argent dont l’Etat peut disposer quand il a besoin, mais qui lui coûté également très cher. En effet, le livret Bleu, tout comme le livret A, est défiscalisé. Cette défiscalisation coûte 300 millions d’euros par an environ en manque à gagner.

En moyenne, un livret Bleu est crédité d’une réserve de 5.000 €. Mais cette moyenne cache de nombreuses disparités. Ainsi, 64,2 % des livrets avaient un solde inférieur à 1.500 €. A l’opposé, seuls 2,3 % des livrets d’épargne avait un solde supérieur au plafond.

Comment optimiser la gestion de son livret Bleu et son plafond ?

Comme nous l’avons écrit plus haut, les intérêts sont calculés par quinzaine et non au jour le jour. Ce système est défavorable à l’épargnant puisqu’il ne prend pas en compte les dépôts effectués avant la quinzaine, mais bien les retraits. En effet, les intérêts cessent de courir sur la somme retirée à la fin de la quinzaine précédant la date de retrait. Ce système est donc doublement défavorable puisque :

  • les intérêts commencent à courir à la quinzaine suivante.
  • les intérêts non comptabilisés sur les retraits démarrent antérieurement au retrait.

En comparaison, les épargnes classiques sont comptabilisées au jour le jour.

Pour optimiser son épargne il est donc conseillé :

  • d’effectuer les versements le 15 ou le 30 du mois, date à laquelle la comptabilisation des intérêts commence.
  • de retirer son argent le 1er ou le 16 du mois, puisque les intérêts cessent de courir à partir de ces jours-là sur les sommes retirées.
livret bleu
Il est possible d’optimiser le rendement de son livret bleu.

Livret A et livret Bleu, quels sont les points communs entre les deux épargnes ?

Plutôt que de parler de deux noms pour deux épargnes, il serait plus juste de parler de deux noms pour une seule te même épargne. En effet, si le nom change, le mécanisme d’épargne reste le même. Cela vient du fait que le Crédit Mutuel n’était, à l’époque, pas autorisé à proposer le livret A à ses clients, ce qui fut corrigé avec une loi de 1975. Le Crédit Mutuel fut alors autorisé à distribuer un compte spécial livret. Seul le nom changera…

Tout comme pour le livret A, l’épargne du livret Bleu est utilisée par l’État afin de subvenir à des dépenses courantes ou à financer des plans d’intérêt général. L’épargne sert donc à financer les dépenses de l’État, qui en retour donne un intérêt sur l’argent prêté.  C’est d’ailleurs pour cela que le livret A était aussi connu sous le nom de livret de caisse d’épargne. Historiquement d’ailleurs, le livret A fut créé par Louis XVIII pour solder les dépenses des guerres napoléoniennes. Aujourd’hui, et depuis 1991, livret A et livret Bleu servent exclusivement à financer les logements sociaux.

A ce jour, les caractéristiques communes aux deux livrets sont les suivantes :

  • il faut un versement minimum de 15€ à l’ouverture
  • le plafond de dépôt est fixé à 22.950 €
  • une personne n’est autorisée qu’à avoir un seul compte
  • le souscripteur n’est aps soumis à une limite d’âge, et pour les jeunes de moins de 16 ans, 20 € sont offerts.
  • il n’est pas nécessaire de faire des versements mensuels
  • le taux de rémunération est de 0,75 % net depuis 2015

Les intérêts sont capitalisés le 31 décembre de l’année et le paiement des intérêts se fait sur la base de 23.000 € et non de 22.950 €.

Aujourd’hui, le livret Bleu est devenu une véritable épargne en soi qui bénéficie d’un engouement certain par le public. Mieux encore, l’État favorise le mouvement des capitaux et n’empêche pas les Français et les Françaises d’y avoir accès. Contrairement à d’autres types d’épargne, l’argent placé est réellement mobilisable dès que l’on en a besoin, ce qui permet aux souscripteurs de pouvoir faire face en cas de problème. C’est pour cette raison qu’il est possible d’effectuer des retraits sans frais en espèces et par virement.

L’épargne sous forme de fonds de réserve

Pour favoriser l’épargne sur un livret Bleu, l’État offre des facilités qui n’existent pas ailleurs. Car il a à sa disposition plusieurs organismes qui remboursent les particuliers régulièrement. Ainsi, il est possible de recevoir les montants de prestations sociales directement sur son livret Bleu. Ces prestations sont versées par des collectivités publiques ou des organismes de sécurité sociale. Cela est possible sur simple demande à ces organismes.

Cette facilité permet d’épargner sur d’éventuels remboursements sans toucher à son budget mensuel. Et cela permet de faire en sorte que le compte du livret soit régulièrement alimenter afin de créer une épargne régulière.

Outre une épargne facilitée, l’État permet également d’autoriser des prélèvements automatiques sur le livret Bleu. Par exemple :

  • les taxes d’habitation et foncière
  • l’impôt sur le revenu
  • la redevance audiovisuelle
  • les loyers dus aux organismes de HLM (habitations à loyers modérés). Rappelons que depuis 1991, le livret Bleu sert exclusivement au financement des logements sociaux.
  • Les quittances d’eau, de gaz ou encore d’électricité

La taxe d’habitation, les taxes foncières, les impôts sur le revenu sont autant de montant qui peuvent très vite être élevé et grever un budget familial. Permettre le prélèvement automatique sur l’épargne, qui peut être elle même automatique, permet de diminuer l’impact sur le pouvoir d’achat direct des ménages français. Les familles sont ainsi moins mises à mal. De facto, cette politique vise également à soutenir la consommation des ménages.

argent à disposition
Le livret bleu devient une manne d’argent à disposition des ménages.

2009, l’année du grand changement

Suite à la crise financière de 2008, le gouvernement a mis en place une nouvelle réglementation bancaire. Ainsi, depuis le 1er janvier 2009, le Crédit Mutuel commercialise le livret A comme toutes les autres banques. C’est donc la fin du livret Bleu comme il existait au profit d’un livret unique. Depuis, on distingue « deux livrets Bleus. » D’une part le livret Bleu ouvert avant 2009 au Crédit Mutuel. D’autre part, le nouveau livret Bleu qui n’en a plus que le nom et qui a été souscrit après 2009. Cela vient du fait que le Crédit Mutuel a été autorisé à conserver l’appellation « livret Bleu » qui est historiquement connue par les épargnants.

A ce jour, 3 caisses du Crédit Mutuel ont renommé le livret Bleu. Celles de Bretagne, du Massif Central et du Sud-Ouest. Nous vous parlions plus haut des fédérations régionales regroupées au sein du Crédit.  pour ces 3 fédérations, le livret Bleu a été renommé en livret CMSO pour le Crédit Mutuel du Sud-Ouest, en livret CMB au Crédit Mutuel de Bretagne et livret CMMC au Crédit Mutuel du Massif Central. Des noms moins porteurs, mais qui conservent toutes les caractéristiques du livret Bleu, et donc du livret A.

Historiquement, l’État a toujours interdit la détention de plusieurs livrets systématiquement. Mais cela n’a jamais empêché les personnes d’effectivement ouvrir plusieurs comptes d’épargne au sein de différents organismes. Cette possibilité de fraude était rendue possible du fait que les organismes ne communiquaient pas entre eux et qu’il n’y avait aps de vérification. De fait, il était possible de détenir plus de 22.950 € sur un livret Bleu. Cette interdiction vaut pour tout le monde depuis le 30 août 1979. Une exception était autorisée si le livret Bleu avait été ouvert avant septembre 1979. Cela dit, depuis 2013, l’ouverture d’un nouveau livret Bleu fait systématiquement l’objet d’une vérification au fichier national afin d’empêcher les cas de multi-détentions de livrets par un même titulaire.

Lorsqu’on possède deux livrets, on s’expose à des risques comme l’imposition des intérêts sur un des deux livrets. Il est aussi possible de se voir infliger des intérêts de retard et une amende fiscale de 2% de la somme déposée sur le livret en question.